Alors que la saison s’est achevée il y a quelques semaines pour son équipe des moins de 17 ans, notre coach Damien Chastel s’est confié à nous. Il nous a livré ses impressions sur les performances proposées par ses joueuses mais aussi sur lui-même et son club, le HBCAM63.

Bonjour coach, vous voilà établi au HBCAM63 depuis de nombreuses saisons déjà. Mais pour vous familiariser avec nos lecteurs, pouvez-vous vous présenter ?

“Je suis entraîneur depuis 18 ans maintenant. J’ai entraîné sur toutes les catégories du club (HBCAM63), aussi bien l’équipe première que la réserve ou encore les équipes jeunes (les moins 17 ans et les moins de 16 ans). Je suis plutôt formateur dans l’âme de part mon métier, j’interviens sur les sélections jeunes du puy de dôme, au pôle espoir féminin et masculin mais surtout sur la formation. C’est donc naturellement que je me retrouve à essayer de coordonner au mieux le secteur jeune du club.”

D’où vient votre volonté d’entraîner les U17 ?

“De part mon métier, c’est assez naturellement que des opportunités d’entraîner se sont présentées, notamment sur les équipes féminines ou masculines en formation destinées à aller vers de bons niveaux. C’est gratifiant quand tu vois le point de départ de la joueuse et où tu peux l’amener. On voit les progrès très rapidement. La deuxième chose qui est encore plus gratifiante c’est d’être à l’origine de la formation de jeunes joueurs et joueuses qui, plus tard, percent dans le haut-niveau. Ce qui nous anime c’est d’être le tremplin afin d’amener des filles vers le haut niveau. C’est de là qu’on retire une certaine fierté.”

Pourquoi, après tant d’années au sein du club, rester ici, au HBCAM63 ?

“Ce que je trouve bien ici c’est qu’on a un club atypique, avec un fonctionnement particulier, à dimension humaine. En réalité, on a seulement quatre équipes à gérer, donc on connait tout le monde, les entraîneurs mais aussi des filles qui participent à la structure, c’est quelque chose de très appréciable. D’autre part, le projet est très intéressant, il n’y a pas meilleur projet avec des étapes qui sont franchies régulièrement, cela témoigne d’une progression dans le projet. Quand celui-ci est construit de manière intelligente, on s’y retrouve humainement et il continue de grandir. Moi je continue de faire partie de cette aventure là. Il n’y a pas de routine et c’est un club très simple.

Comment analysez-vous la saison qui vient de s’écouler ?
“C’est une saison qui marque un nouveau point du projet HBCAM63 qui vient de se dérouler. En premier lieu avec l’arrivée de Florence (Florence Sauval, coach D2F, ndlr), la stabilisation du projet de centre de formation et celle de notre secteur jeune. L’autre point c’est qu’on a assigné la situation structurelle et financière du club. Une fois tout cela stabilisé, le club peut partir avec plus d’ambitions et de moyens au niveau structurel ou sportif.”
Comment avez-vous appréhendé la seconde partie de saison après un revers dans la première moitié pour les moins de 17 ans ?

“On a subi un revers, malgré tout au cours de cette première phase on sentait qu’on avait des motifs de satisfaction avec des filles qui commençaient à devenir plus matures et qui commençaient à assumer beaucoup plus leur statut de cadre de l’équipe. C’était un voyant vert qui nous permettait d’être ambitieux. La deuxième chose c’est qu’on savait qu’on aurait en deuxième phase peut être des filles de la nationale 2 qui viendraient un peu renforcer l’effectif, ça a permis d’engranger un peu de confiance. Le troisième point c’est qu’on a eu une grosse coupure entre la fin de la première phase et le début de la deuxième, ça nous a permis de passer à autre chose. Le dernier point c’est qu’on a recentré le projet sur la défense. C’est la somme de ces quatres éléments qui a permis une meilleure deuxième partie de saison. »

Après une première phase compliquée (5ème sur 6 de leur poule), la 2ème phase était nettement plus encourageante (1er de leur poule), que pensez-vous avoir apporté au groupe pour obtenir ces résultats ?

“On a mis un peu de temps à trouver l’équilibre dans notre jeu. Il fallait retrouver une efficacité défensive et une équipe équilibrée, c’était la première mission. On a enfin trouvé ce qui nous convenait sur cet aspect. Le deuxième point, nous l’avions ciblé en première phase, à savoir l’agressivité défensive. On a centré les séances sur ces aspects pour avoir des gros blocs avec des filles qui refusent de perdre des duels en défense et qui sont agressives sur le terrain. C’était nos deux grands axes de travail.”

Quel est le regret de la saison ?

“Le fait qu’il n’y ait pas eu de finalité en poule basse. Traditionnellement, la Fédération mettait des phases finales pour les équipes qui sont en poules hautes mais aussi pour les poules basses. Cela n’a pas été le cas cette année. Ça reste un regret car ça empêche les filles d’avoir une occasion de bien finir.

Quelle est la satisfaction de la saison ?

“La satisfaction de la saison c’est de voir des joueuses qui ont pris des responsabilités en étant jeunes. C’est très satisfaisant car on a des filles sur qui on va pouvoir compter dès le premier match de la saison prochaine. La deuxième satisfaction est l’équilibre dans le jeu, quand on regarde les feuilles de match on a des filles qui prennent des responsabilités de partout. On est capable de marquer depuis tous les postes. Tout le monde apporte du danger et prend ses responsabilités dans un match.”

Quels sont les objectifs pour le club concernant les U17 ?

“ L’idée c’est toujours de se qualifier en poule haute, donc être dans les trois premiers de la première phase. Et ce pour deux raisons notamment. La première c’est qu’on est déjà maintenu si on est qualifié en poule haute, ça permet de travailler la deuxième partie de saison un peu plus sereinement et de penser un peu plus à la formation et moins au résultat direct. La deuxième chose, c’est aussi qu’avec une qualification en poule haute on joue contre de meilleures équipes, ça permet aussi de se confronter à ce qui a de mieux. On a fait une bonne deuxième partie de saison en poule basse mais il y a 48 équipes qui sont mieux placées que nous, moi je préfère être classé parmi ces 48 équipes là !”

Comment vos jeunes s’adaptent entre la vie en club et les études ?

“ Je pense que ce que propose le HBCAM63 est un moyen pour les filles de rentrer un peu plus tôt dans la maturité. C’est à dire que ce sont des filles qui sont accros au handball, qui ont envie de faire beaucoup de handball, mais elles doivent prouver qu’elles sont capables de s’organiser à côté, ça les amènent à se responsabiliser. Elles doivent montrer à leur parents qu’elles sont capables de concilier le sport et les études. C’est important pour nous de les voir s’organiser correctement et devenir matures. On essaye de leur donner de l’autonomie afin qu’elles soient capables de s’approprier leur projet de jeu et leur formation. On essaye de faire en sorte que les filles soient maîtres de ce qu’elles font.”

Comment encadrer des jeunes qui veulent devenir pro et les amener à la performance requise ?

“ Nous on veut des joueuses adaptables. On ne veut pas qu’elles soient cloisonnées dans un registre ou un rôle. On veut leur donner le plus de moyens et connaissances possibles sur les plans individuels et collectifs pour qu’elles puissent s’en servir en fonction du moment. Ainsi, si elles doivent être amenées à jouer dans d’autres clubs, elles ne seront pas perdues car elles auront une culture de jeu qui sera large sur tous les plans. On individualise les emplois du temps au maximum dans le club. Si une fille mérite d’aller jouer au dessus, on peut lui offrir cette opportunité. On peut aménager les conditions d’entraînement pour optimiser ses progrès.”